À Bressuire aussi on dit #AdieuWindows

Ou l’Install Party 2.0 à GEBULL

Introduction, la fin du support de Windows 10 et ses conséquences

Le 23 octobre 2025 GEBULL participait à la campagne nationale #AdieuWindows lancée par l’April.org et à la campagne internationale #EndOf10 en organisant une install party à Bressuire, dans les locaux du tiers lieu la Gob.fr. Cette campagne entend répondre à la tentative de Microsoft de rendre inutilisable des millions de machines pourtant parfaitement fonctionnelles.

En effet, Microsoft a annoncé (fin 2023) la fin du support de Windows 10 pour ce mois d’octobre 2025 (avant de repousser à la dernière minute cette décision d’une année, et encore, uniquement pour les utilisateurs européens). Or un Windows sans support mais connecté à Internet n’a pas une grande espérance de vie1. Ce que Microsoft impose de cette manière, c’est d’installer la mise à jour vers Windows 11. Or les exigences de Windows 11 en terme de performance de la machine hôte sont telles qu’elles disqualifient des millions d’ordinateurs pourtant parfaitement fonctionnels.

Vous avez bien lu, au lieu d’essayer de fonctionner sur un maximum matériel possible, Microsoft préfère refuser l’installation de son système Windows 11 sur les ordinateurs qu’il juge trop anciens. On est donc à l’opposé des recommandations de l’ADEME et du gouvernement concernant l’allongement de la durée de vie des ordinateurs (dans le but de réduire son emprunte carbone et finir par la faire tenir dans le budget des 2t annuelles de CO2 par personne sur terre). De nombreux utilisateurs choisissent donc de sortir du système Microsoft, en misant sur les logiciels libres et gratuits regroupés, sous la banière GNU+Linux. À quoi bon attendre une année de plus ? Et même si Windows 11 est installable, il sera bien plus lent et pénible à utiliser que le 10 ?

L’Install Party

Cet évènement fut pour nous l’occasion de tester quelques variations sur le thème de l’install party : cet évènement ou chacun peut apporter son ordinateur pour qu’on y remplace ces programmes et qu’il démarre sur des logiciels libres. L’utilisateur retrouve alors les programmes dont il a déjà l’habitude au quotidien  : Firefox, LibreOffice ou VLC… L’exercice est ancien et la pratique ne cesse de s’améliorer. Cet article rassemble les dernières trouvailles qui nous ont fait gagner en efficacité.

PC du placard ou outil du quotidien ?

Pour commencer, nous avons constaté que les gens ont tendance à nous amener surtout de vieilles machines pour qu’on y installe Linux dessus. C’est à dire que face à un blocage ou une panne, ils s’achètent un nouvel ordinateur en magasin, puis viennent voir comment ça se passe chez nous avec l’ancienne machine… (éventuellement en panne). Ce n’est pas très motivant pour nous et ça ne donne pas non plus le meilleur aperçu des logiciels libres.

Linux ca a beau être plus rapide, la comparaison ne tient pas face à une machine neuve et, psychologiquement, qui aurait la motivation de se lancer dans une activité avec une machine « périmée » sur laquelle il faut reprendre ses marques ? Non, dans ce cas de figure la vieille machine n’est simplement plus rebranchée une fois revenue à la maison.

Il arrive qu’on en revoit une, 2 ans plus tard,  ramenée par son propriétaire qui nous explique que : « ça ne marche plus » ; et quand on regarde pourquoi, c’est juste qu’aucune mise à jour (même automatique) n’a eu lieu depuis l’installation (malgré nos recommandations)… On ne sait pas par quel heureux hasard la personne s’était motivée à la ressortir sa machine du placard.

Installation sur support SSD

Pour éviter ça, on a acheté des disques durs SSD SATA (d’entrée de gamme : 240GO à 17€/pièce) et désormais quand quelqu’un vient avec une machine à convertir, on propose de remplacer son disque dur par un SSD. Ces derniers sont 10x plus rapides que les disques durs, ça fait une belle différence à l’usage. Ensuite, l’ancien disque on le met dans un boîtiers externe SATA / USB (à 2€ en direct du producteur, sans passer par les néo-nazis américains). Et hop, on a une copie de sauvegarde des données de l’utilisateur à disposition, sans avoir à attendre que les données se transfèrent.

Installation depuis support NVME

Pour l’installation proprement dîte, on s’est équipés d’un disque NVME externe (à nouveau environ 10x plus rapide qu’un SSD cette fois), sur lequel on a installé l’utilitaire Ventoy et quelques images ISO. Les copies de fichier des installations se font donc depuis un NVME vers un SSD de tout le débit disponible par le port USB et on apprend alors vite à chercher les ports bleus (USB 3.0 10x plus rapides que l’USB 2.0) ou ovals (de l’USB-C)… Là encore, on évite de perdre du temps avec les transferts de données. Avec cette configuration, ça peut surprendre mais la machine tourne éventuellement mieux en live depuis le support d’installation NVME qu’en « vrai » depuis le disque SATA interne !

La fin des tours ?

Au passage, on ne manipule plus que des ordinateurs portables depuis 2 ans. Ça s’est fait tout seul, sans bruit. On avait des tours en stock et on nous en amenait encore en 2023, et puis on a décidé de se concentrer en priorité sur les ordinateurs portables, et c’est aussi seulement ce que les gens nous ont amené depuis.

Dans le même esprit que l’installation d’un SSD pour continuer à qualifier la machine dans l’esprit de l’utilisateur, quand quelqu’un vient nous voir avec son vieil ordinateur portable, on commence par vérifier qu’on a pas mieux en stock dans notre matériel de récupération. Quelqu’un qui arrive avec un vieux coucou, et repart avec une machine moderne, fine, légère et rapide, il repart avec en prime, des étoiles dans les yeux2.

Mais alors, qu’est-ce qui prend encore du temps ?

Alors qu’est-ce qui prend encore du temps pendant l’install party ?

  • démarrer la machine depuis la clé USB et donc entrer dans le BIOS (en croisant les doigts pour qu’il supporte le NVME externe, sinon il faut passer par un SATA branché en USB… ou ressortir une vieille clé USB)
  • choisir et saisir les noms d’utilisateurs et mot de passe (et les faire noter quelque part en secours, en fait, on les notes d’abord et on les saisis après, pourquoi pas un post-it sur le nouveau SSD ?)
  • passer les mises à jour au premier redémarrage (là, une connexion fibre est appréciée dès qu’on est 2 à lancer l’opération)
  • retrouver des logiciels spécifiques à la demande de l’utilisateur : tel logiciel libre d’agenda qui tournait sur l’ancien système, de la compta personnelle, du scrabble, etc.
  • assurer la prise en main après l’installation : comment on lance Firefox ou un traitement de texte, comment on connecte le WiFi, comment éteint la machine…
  • personnaliser l’installation : récupérer des marques pages, un profil Thunderbird, le fond d’écran, les anciens fichiers…

Venir avec son imprimante

Ensuite on a également observé que la principale raison pour laquelle les gens reviennent nous voir, quelques semaines après une installation, c’est parce qu’ils n’imaginent pas pouvoir configurer leur imprimante eux-même. Pour anticiper ce besoin, nous avions conseillé aux gens de venir directement avec leur imprimante. Comme ça on leur montre qu’en tapant « imprimante » dans le menu des applications, on arrive à une fenêtre permettant d’ajouter une imprimante au système et que bien souvent ça se fait en quelques clics sans avoir besoin du CD d’installation livré avec l’imprimante.

Par contre, pour ce qui est de connecter l’imprimante au WiFi de la box chez les gens, là, soit on peut aller sur place, soit ils se prennent en main. Au passage, un petit merci aux constructeurs d’imprimantes de déclencher des procédures de nettoyage des têtes d’impression la nuit, ça éduque bien les gens à éteindre la machine avant d’aller dormir (et je serai curieux de savoir combien de personnes ont véritablement renouvelé la pile 9v de leur détecteur de fumée, car entre la flemme et la conscience de se flinguer une nuit au hasard dans 3-4 ans, il ne doit pas y avoir beaucoup de candidats…).

De la gestion de l’affluence

Pour revenir à notre install party un dernier point de vigilance c’est la faible marge de manœuvre qu’il y a entre : « limite on s’ennuie » et « on est débordés ». Il suffit d’une ou deux personnes qui s’ajoutent à la queue et tout le monde se sent débordé. S’il y a plus de candidats que d’installateurs disponibles, il est (presque paradoxalement) préférable de dédier une personne à l’accueil, pour éliciter les besoins, temporiser et orienter vers le bon installateur (le prochain disponible ou celui qui saura répondre à un besoin spécifique).

Plusieurs installations simples peuvent être lancées en parallèle, mais dès qu’un truc sort de l’ordinaire (genre une installation en dual-boot avec un vieux BIOS UEFI sourd au système pendant l’installation) c’est parti pour un tunnel de stress pour l’installateur et les utilisateurs jusqu’à ce que la machine arrivent enfin à redémarrer sur son SSD et soit encore capable de lancer l’autre système. On pensait avoir de la marge et finalement on a passé la soirée sur une seule machine…

Ne pas négliger la prise en mains

Il est également possible de regrouper les prises en main post-installation si on a mis le même système à tout le monde. Mais il ne faut pas négliger cette étape. Même s’il peut sembler évident qu’il faut cliquer sur le bouton en bout de barre des tâches pour accéder au menu des applications, à partir du moment où la barre n’est plus de la même couleur, de la même forme où au même endroit que ce que les utilisateurs connaissaient, certains se sentiront perdus.

Et puis pour la plupart, personne ne leur a jamais expliqué ça, l’outil s’est imposé dans leur vie longtemps après la fin de leurs études, avec comme priorité de communiquer avec leur famille, envoyer une lettre prioritaire ou déclarer leurs impôts (en retard)… Mais beaucoup sont soulagés qu’on leur dise qu’ils s’y prennent bien, même pour les tâches les plus simples. Et d’ailleurs souvent on a aussi des conseils à leur donner, à base de raccourcis claviers, de raccourcis bureau ou de marques-pages3

Voilà, on espère que ces quelques retours d’expérience pourront servir au plus grand nombre.

  1. « Et n’imaginez pas qu’un simple logiciel antivirus pourra vous protéger »
    https://www.01net.com/actualites/la-fin-du-support-de-windows-10-est-pour-demain-voici-ce-quil-faut-faire-pour-garder-votre-pc-en-toute-securite.html ↩︎
  2. L’idée vient de là : « Les machines, neuves, sont livrées avec une distribution Ubuntu installée à partir d’un packaging réalisé par la gendarmerie. » https://linuxfr.org/news/le-poste-de-travail-du-gendarme-sous-gnulinux-ubuntu ↩︎
  3. Pour l’IP de l’imprimante par exemple, qui permet d’accéder son interface de configuration propre, voire de scan… ↩︎